J’ai donc vécu une bonne partie de mon enfance dans cette culture religieuse, mais je pense que dès le départ, je n’étais pas fait pour cette forme de spiritualité où l’on doit prendre pour argent comptant ce que les autres vous racontent. Même si je suis né dans une famille très religieuse, il me semble que « tout petit déjà » j’avais une conscience qui allait au-delà de ces questions religieuses. On pourrait même parler d’une certaine forme d’éveil, prenant à l’époque l’apparence d’une curiosité démesurée pour tout ce qui m’entourait. D’ailleurs, au début des années 70, mes parents achetaient chaque semaine le fascicule de l’encyclopédie « Tout l’Univers » (un nom prédestiné), et je le dévorais littéralement comme ma dose de savoir hebdomadaire. J’étais, entre autres, fasciné par les mystères de la cosmologie et c’est par le biais de cet intérêt que j’ai vécu ce que je considère comme ma première expérience psycho-spirituelle.
Je devais avoir un peu plus d’une dizaine d’années et par une nuit étoilée, je regardais le ciel et me mis à essayer d’appréhender, d’imaginer, l’infini de l’univers. Et j’ai ressenti ce jour-là une sensation ineffable, comme un mélange de vertige, d’immensité pour ne pas dire d’infini, de joie incommensurable, le tout mêlé à la surprise et, à une sorte de frustration et de peur viscérale. Cela n’a duré que quelques secondes, mais a été tellement troublant et marquant que je ne l’ai pas oublié bien des années après.
Donc, après avoir rejeté la religion catholique, poussé par ma curiosité et ma soif de comprendre, je me suis intéressé aux autres formes de religions et de spiritualités. Car même si je n’étais plus en accord avec la démarche de l’église, je n’ai à aucun moment rejeté l’idée d’une forme de « Conscience Supérieure ». Je n’ai plus voulu l’appeler « Dieu », car ce que j’en avais appris à travers la religion, ne cadrait pas avec l’intuition que j’en avais, et le mot lui-même me paraissait trop limité et trop entaché du conditionnement reçu tout au long de mon enfance pour pouvoir exprimer un tel concept. J’entrais donc dans une démarche de recherche spirituelle. Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, cette quête s’est étalée sur plusieurs années avec des étapes plus ou moins marquées, liées souvent à une recrudescence de lecture sur le sujet, entrecoupée de grandes périodes d’inactivité, pour ne pas dire d’oubli …
Je me souviens que le tout premier livre que j’ai lu était un condensé du premier livre du Dr Moody « La vie après la vie ». J’y trouvais des concepts qui cadraient merveilleusement bien avec l’idée que je me faisais d’une « Conscience Supérieure ». Par la suite, je me suis attaqué au petit rayon de livres plus ou moins ésotérique de la bibliothèque de mon lycée, ce que j’avais d’ailleurs trouvé un peu surprenant pour une bibliothèque d’un établissement religieux, qui plus est, gérer par un frère. Bien plus tard, j’ai dévoré le rayon autrement plus achalandé de la bibliothèque du comité d’entreprise de la société où je travaillais. Je continuais bien sûr à m’intéresser aussi à beaucoup de choses comme les sciences et la technique, ainsi qu’à un domaine très vaste, celui de l’homme et de son fonctionnement. Et du coup, cet intérêt pour l’être humain, m’a forcément amené à faire un travail sur moi-même, à travers la réflexion, l’observation, l’attention, avec des supports comme la sophrologie, la méditation et quelques stages de contrôle mental. Attention, je ne suis pas un forcené de ce genre de choses, je ne suis même pas très assidu, ce sont des choses que j’ai expérimenté plus par curiosité sur le sujet que par intérêt ou par sacerdoce. D’ailleurs suite à l’expérience de la religion, je suis devenu, par principe, un peu réfractaire à toute forme de dogme ou de règles.
C’est en fait dans le contexte d’une de ces périodes de recherche un peu plus frénétique à travers les livres qu’est survenue cette expérience de l’illumination. Il n’y a pas vraiment eu de signe avant-coureur, excepté peut-être quelque temps avant, une petite prise de conscience de la séparation d’avec la « Source» (c’est plutôt sous ce concept que je l’ai perçue cette fois-là, plutôt que comme le « Tout »). Lors d’une séance de méditation, j’avais eu la vision un peu particulière représentant la « Source» sous la forme d’un cercle central et d’individus « séparés » (sous la forme de dessins au trait d’un bonhomme) gravitant « tête en bas » autour de ce cercle, et où l’un des individus entra en contact avec le cercle par le sommet de sa tête pour ne plus faire qu’un avec ce dernier. Cette vision m’avait fortement imprégné du sentiment que nous avions « oublié » quelle était notre véritable origine et que l’un des buts de notre vie était d’essayer de se souvenir de qui nous « étions » réellement.