L’éveil

Je n’ai pas souvenir d’un déclencheur. En fait, je n’ai aucun souvenir de ce que j’étais en train de faire quand c’est arrivé. Ce qui s’est passé ensuite a été tellement fort que cela semble avoir occulté ce qui se passait juste avant.

Il y a un avant et un après l’expérience. Je pense que ce fait peut être rattaché à la notion d’Éveil que l’on trouve dans toute littérature sur le spirituel. D’autant que cela est très fortement ressenti en tant que tel pendant cette prise de conscience phénoménale. On peut d’ailleurs mettre une quantité d’expressions sur ce vécu, comme « une ouverture d’esprit sur l’infini » ou encore « passer des ténèbres à la lumière » … ! Mais ces expressions restent néanmoins très limitées pour réussir à décrire parfaitement cette expérience extraordinaire.

Personnellement le mot premier mot qui m’est venu à l’esprit juste après cette expérience c’est « Illumination ». Oui, je sais, ça semble un peu fort, mais n’allez surtout pas penser « encore un illuminé », car rapporté au contexte, c’est vraiment très pertinent. Il faut bien comprendre que cette expérience démarre très fort par une ouverture de l’esprit sans commune mesure, cette phase étant vécue en dehors de toute notion temporelle et spatiale, comme dans un éblouissement. C’est vraiment comme si quelqu’un avait allumé la « lumière » alors que l’on se trouvait dans l’obscurité. Suite à cet apogée, il y a une phase d’euphorie qui a duré, dans mon cas, 3 bonnes journées et qu’après cela la redescente est un peu rude, un peu comme le phénomène visuel du « trou noir » après s’être pris un coup de flash. D’où aussi cette référence au mot illumination. Néanmoins, par la suite, l’éveil est permanent, on ne redescend jamais à « l’état » d’avant l’expérience. On est véritablement passé du royaume des aveugles à celui des voyants, de l’ombre à la lumière …

L’ouverture

Donc, au point critique de cette expérience, l’esprit s’ouvre d’une manière qu’il est difficile de relater. Comment dire … c’est comme si vos capacités cognitives n’étaient plus limitées au « volume » de votre cerveau. Euh, même dit comme ça, cela ne semble pas vouloir dire grand-chose. Pour essayer d’être plus clair commençons par quelque chose que tout le monde connaît. Il arrive que lorsque l’on réfléchi, que l’on ait besoin de visualiser ou de se souvenir de quelque chose, on fasse une « projection mentale » sur son « écran intérieur ». Cette « projection » est en général à peu près équivalente à la taille d’un petit écran placé à quelques mètres devant soi. Et bien lorsque mon esprit s’est ouvert, j’avais la perception de mon « écran mental » comme illimité dans toutes les directions. Par analogie, c’est comme passer d’un simple écran de télévision au spectacle d’un film sur écran sphérique (type cinéma omnimax). C’est à la fois impressionnant et très déroutant, car pour reprendre l’exemple du cinéma sur écran sphérique, contrairement à ce dernier où il faut néanmoins tourner la tête pour réussir à appréhender l’ensemble de la scène, j’avais dans cette pensée « sphérique » une perception totale de l’ensemble sans avoir besoin de « diriger » ma pensée vers un point particulier ou un autre. De plus comme je n’avais plus ni la perception de mon corps, ni celle de mon environnement, j’avais vraiment l’impression d’être au centre de cet « espace de pensée ».

Et cette « pensée » était emplie de tout ce à quoi je m’étais intéressé pendant les années précédentes, sur la religion, la spiritualité, l’ésotérisme, la science, la physique quantique, la cosmologie, la psychologie, les relations humaines et bien d’autres choses encore. Tout cela placé comme dans un vaste puzzle ou chaque pièce trouve sa place sans anicroche, ou tout est relié à tout avec une logique parfaite. J’avais conscience de chaque partie du tout ainsi que de toutes les interactions entre chacune des parties, le tout formant une trame complexe, dynamique, indissociable et parfaite.

J’ai même eu un certain « temps » pour visualiser et appréhender une grande partie de toutes ces informations et des relations entre elles, dans la mesure où, mais là encore c’est difficile de faire comprendre cette notion, j’avais le sentiment d’être hors du temps. Ceux qui font de la sophrologie ou de la méditation peuvent avoir une idée de ce que je veux dire, mais je dis bien une idée car là encore le ressenti est totalement hors norme. D’ailleurs, je suis totalement incapable de dire combien de temps je suis resté dans cet état.

Malgré tout, je pense que ma capacité à saisir toute cette information, est restée bien en deçà de ce qu’il était (humainement) possible de faire, étant limitée par les possibilités du cerveau humain à enregistrer et à structurer une telle quantité d’informations. Et peut-être heureusement, car je pense que l’on pourrait facilement verser dans la folie face à ce maelstrom d’information et de compréhension. D’ailleurs même après le retour à la « normale », il reste très difficile de gérer cette quantité d’informations et je comprends que des personnes ayant vécu ce genre d’expérience puissent sombrer dans la psychose ou la déprime. Il m’a personnellement fallu plusieurs années pour « absorber » tout ceci.

Aujourd’hui, s’il me reste heureusement des réminiscences de toute cette information, je n’y ai malheureusement plus accès qu’au travers de mon « écran intérieur » habituel, ce qui fait que je ne peux en percevoir qu’une toute petite partie à la fois et de ce fait, j’en ressens une certaine frustration …

Illimité

L’un des aspects de cette expérience est la prise de conscience de la non-limitation de l’être. Ce qui va justement à l’opposé de la religion, où l’on vous apprend ce que vous devez penser et comment rester dans les strictes limites de ce modèle de pensées. Ce que moi, j’ai découvert, c’est que nos limitations sont justement imposées par notre mode de pensée. En clair, si nous pensons que nous sommes limités … et bien nous le serons ! Alors que justement, si l’on regarde autour de nous, un tas d’individus repoussent sans cesse les limites de l’humainement possible … ça devrait donner à réfléchir. Bon d’accord, pour certains, c’est plus facile que pour d’autres. Mais le simple fait d’annuler une pensée restrictive, permet d’appréhender les choses d’une manière différente, et laisse la place à des pensées forcement plus constructives. Cela paraît évident à écrire ou à dire, mais c’est loin d’être aussi évident à faire.

Cette non-limitation a deux aspects : premièrement, comme je viens de l’expliquer la capacité d’aller bien au-delà de nos limitations mentales et physiques, la prise de conscience que tout est possible, et deuxièmement la perception de notre être illimité, complètement relié à la « Création », ne faisant physiquement (au sens physicien du terme) et spirituellement qu’un avec l’univers, le « Tout », et ce en contradiction complète avec la limitation de notre enveloppe physique (au sens corporel du terme).